Saint-Tropez. Capitaines de ville et bravades pendant les épidémies

Juillet 2021 • par Bernard ROMAGNAN, vice-président du Conservatoire

Chronique historiqueHistoire locale

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À Saint-Tropez, les lettres patentes, signées en 1470 lors de la refondation de la ville entre Raphaël de Garezzio et la communauté, stipulent que le capitaine de ville est chargé d’organiser la défense de la ville.

A ce titre, il intervient régulièrement en période d’épidémie, comme en 1617, date à laquelle il place des gardes au portail du port, ou en 1630 pour recruter 48 hommes « qui l’assisteront pour la conservation du lieu en cas d’épidémie ». Il est actif également pour toutes les actions relatives à la gestion de ces moments critiques : en 1587 il est chargé de la distribution des blés à la population et doit empêcher « tout désordre et saccagement ». En 1588, au côté des consuls, il se « prendrat gardo dez vagabons et les chasseront de la villo avec la presenso de la justice ». En 1720, lors de la grande peste provençale, le capitaine de ville se trouve en première ligne pour la protection de la ville et de ses habitants. Dès le 4 août début de l’alerte, le sieur Aubert capitaine de ville choisit lui-même tous les chefs de famille tropéziens qui vont le seconder. Il organise l’ensemble du confinement de la population quartier par quartier et il a la responsabilité de toutes les gardes de jour et de nuit. Enfin, de nombreux capitaines de ville ont été nommés intendants de santé et ainsi directement chargés de contrôler personnes suspectes de peste. Le célèbre capitaine de ville de l’année 1558, Honorat Coste, a été investi de cette mission en 1564 et 1571. En 1772, le conseil de la communauté décida « qu’à l’avenir, le capitane de ville qui fêtera avec distinction le jour de saint Tropez, sera intendant de santé l’année suivante ». Il semble qu’à Saint-Tropez, la bravade du 17 mai 1721 ait eu lieu mais cela n’a pas été le cas à La Garde-Freinet cette année-là.

Dans ce village en mars 1720, comme les années précédentes, Joseph Courchet et Joseph Bérenguier, respectivement capitaine et enseigne de l’année passée, proposent Clément Raymond et Pons Bérenguier à leur succession. Mais à partir d’août 1720, La Garde-Freinet doit se protéger de l’épidémie de peste et la bravade du printemps 1721 est abandonnée. Les officiers élus demandent d’être déchargés de leur mission « antandeu les malheurs du temps de la maladie contagiause et mesme que dans ce lieu il y a une grande pouvreté, il a été délibéré de décharer ledit Raimond capitaine et Ledit Brenguier enseigne et à leur lieu et place le conseil n’ont pas treuvé à propos d’en nomer, atendeu le danger sy-dessus ». Ce n’est qu’en 1723, que les élections et bravades reprendront normalement.

À Saint-Tropez, pendant les années d’épidémies, le capitaine et son corps de bravade furent régulièrement élus pour protéger leur cité. On aura compris qu’à La Garde-Freinet capitaines et enseignes avaient un rôle purement honorifique et symbolique, alors qu’à Saint-Tropez, ces officiers devaient non seulement honorer leur saint patron mais aussi protéger concrètement leur ville et ses habitants.

Pour aller plus loin :
Laurent Sébastien Fournier et Philippe Hameau, Les fêtes à bravade en Provence et ailleurs

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