Les activités commerciales à La Garde-Freinet en 1884

Août 2018 • par Albert GIRAUD, membre du conseil d'administration du Conservatoire

Chronique historiqueHistoire locale

La fin du XIXe siècle est, pour La Garde-Freinet, une période assez prospère grâce aux trois activités emblématiques de ce pays des Maures : la fabrication des bouchons, l’élevage des vers à soie et le commerce des châtaignes (les fameux « marrons du Luc »). Autour de ces trois productions s’organisait tout un ensemble de métiers intermédiaires assurant de nombreux emplois, des plus complexes au plus modestes. La Garde-Freinet compte en 1881, au recensement général, 2518 habitants dont 1812 dans le village (avec un taux important d’étrangers). Et pour assurer la vie quotidienne de ces travailleurs, de nombreux commerçants ouvrent boutique au cœur du village, assurant une vie de la rue difficile à imaginer aujourd’hui.

Pour en avoir une idée nous disposons d’un document incontestable : le recensement des électeurs du Tribunal de commerce de Saint-Tropez en 1884. Il rassemble tous ceux qui payent une patente commerciale ou ont une activité libérale dans le village. La seule réserve est qu’il faut résider dans la commune depuis plus de cinq ans pour être électeur. La liste compte 95 noms et nous permet un décompte statistique particulièrement précis des activités commerciales du temps.
Pour regrouper les activités par grandes catégories, commençons par les plus élevées. Le village compte :

1 Médecin
1 Pharmacien
1 Notaire
1 Géomètre expert

Parmi les « entreprises » industrielles ou artisanales on compte :
15 Fabricants de bouchons
9 Sériciculteurs
1 Meunier
1 Maître de pressoir
1 Maréchal ferrant
2 Maçons
2 Menuisiers


Le commerce de gros est représenté par :
6 Négociants
1 Escompteur
1 Représentant
2 Facteurs de denrées (dont 1 à La Moure)
1 Marchand de bois
1 Marchand de pierre de taille


Les transports sont représentés par :
1 Entrepreneur de diligences
1 Voiturier

Et enfin le petit commerce ici classé par ordre alphabétique :
3 Bouchers
7 Boulangers (dont 1 au hameau de La Moure)
1 Bourrelier
1 Buraliste
7 Cafetiers (dont 1 à La Moure)
2 Chapeliers
1 Charcutier
3 Coiffeurs
7 Épiciers
2 Ferblantiers-Lampistes
1 Gargotier
1 Horloger
1 Marchand de vin
3 Merciers
2 Pâtissiers
1 Tailleur


Cette liste ainsi que les qualifications des différents métiers méritent quelques observations. Si en dehors de l’ « escompteur » on ne relève aucun banquier, c’est qu’à l’époque le prêt à intérêt est pratiqué par les gens les plus aisés qui font souscrire des « billets » aux emprunteurs. Le « facteur de denrées » est un courtier de commerce, simple intermédiaire. Les châtaignes sont l’affaire des négociants, qui eux achètent, trient et revendent les fruits puisque La Garde-Freinet n’a jamais eu – à tort sans doute – d’activité de transformation. Mais il est possible que des bouchonneries se soient transformées en entreprises de conditionnement de marrons deux mois par an : un système qui perdura à La Garde jusque dans les années 1970 dans l’entreprise Bracco. Le moulin à huile est sans doute communal et, dépendant de la mairie, échappe à ce recensement. Enfin de très nombreux commerçants devaient travailler « à temps partiel », et, possédant des biens autour du village, avaient une activité agricole complémentaire. Quant aux épouses ou femmes célibataires, couturières indépendantes, elles ne sont pas répertoriées bien que nombreuses au village.

De façon plus générale la polyactivité a toujours été une caractéristique historique des Gardois… À un moment où l’on déplore la disparition des commerces dans le centre des villes et des villages, une comparaison de la situation actuelle avec la vie du village en 1884 est édifiante !

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