La Baume des Maures
LOCALISATION
La Baume des Maures est accessible seulement à pied.
Télécharger ici l’itinéraire de randonnée à la Baume des Maures (La Garde-Freinet).
Le site de la Baume des Maures appartient à des propriétaires privés que ont accepté en 2017 de laisser librement accéder le public à ce site exceptionnel. Qu’ils en soient vivement remerciés !
Par Philippe Hameau Archéologue, président de l’ASER
La Baume des Maures est une petite cavité flanquée d’une terrasse à mi-versant du vallon de Vanadal. C’est un site singulier car il existe peu de cavités dans le massif des Maures. Le site a notamment restitué des restes sépulcraux appartenant à la préhistoire récente.
Le premier fouilleur connu est Jean Joubert mais la cavité elle-même avait été fouillée dans les années trente par le curé du village. Le mobilier exhumé n’avait pas été retrouvé d’où l’obligation de reprendre les fouilles. La terrasse a donc été sondée dans sa plus grande partie de 1965 à 1969. Une ultime intervention a eu lieu en 2001 pour évacuer les derniers vestiges archéologiques.
Trois principaux niveaux archéologiques ont été reconnus sur l’esplanade :
– un niveau 1, superficiel, évoquant des occupations ponctuelles et répétées des lieux entre le Bronze final et le début de l’Age du Fer (début du 1er millénaire av. J.C.).
– un niveau 2 assez épais. C’est le niveau sépulcral où l’on retrouve des ossements humains calcinés, regroupés ou épars, associés à du matériel attribuable à la fin du Néolithique et au début de l’Age du Bronze (IIIe millénaire et début du IIe millénaire av. J.C.).
– un niveau 3 peu différent du précédent dans sa partie supérieure où l’on retrouve des vestiges sépulcraux, et à la base duquel ont été retrouvés des lits de tessons.
Le niveau sépulcral constitue donc la spécificité du site. Dans un premier temps, la présence d’amas d’ossements parfois bordés par une ou deux dalles avait fait penser qu’il existait des cistes, c’est-à-dire de petits coffres formés d’un quadrilatère en pierres plates mises de chant et recouvert de pierres plates mises à plat. Or, aucun témoignage n’exprime des structures aussi précises. Quelques dalles ont été relevées ou ont servi de couverture à un amas d’ossements mais les structures supposées ne sont que fortuites. En fait, il y a eu simplement creusement de fosses à vocation sépulcrale. Les recoupements entre ces fosses prouvent que les structures étaient enfouies et donc invisibles sur le sol. En conséquence, une fosse pouvait en recreuser une autre plus ancienne. Les creusements ont été réalisés à des profondeurs diverses, tout en formant un même horizon relativement homogène.
Les restes humains proviennent de crémations. L’emplacement des bûchers reste inconnu. Quelques parties du squelette seulement étaient prélevées puis placées en pleine terre. Les os étaient sans doute « nettoyés » puisque aucune fosse n’a restitué de charbons de bois. Les restes humains sont difficilement identifiables car soumis à une chauffe assez poussée qui a déformé les os. Chaque amas osseux révèle la présence d’un ou de plusieurs individus incomplets, des deux sexes et de tous âges. Globalement, toutes les parties du squelette sont représentées ce qui signifie qu’il n’y a pas eu sélection de certains ossements. Ces dépôts ont été réalisés au plus près de la paroi rocheuse orientale, très proches les uns des autres, ou sur le côté droit de l’entrée de la grotte.
Des objets accompagnaient les dépôts humains : objets de parure, armatures de flèches, outils lithiques, éclats bruts de silex, récipients céramiques, etc. La céramique modelée correspond à des récipients de petit module : des vases aisément transportables qui évoquent des objets accompagnant les défunts ou liés à des pratiques cultuelles para-funéraires. L’une des particularités du mobilier céramique de ce site est l’existence d’une ou de deux coupes polypodes à base annulaire et pieds hauts. Leur dévolution nous est inconnue mais il s’agit de formes céramiques liées à des contextes sépulcraux. Dans sa grande majorité, le mobilier est classique de ce que l’on retrouve ordinairement sur les sites sépulcraux de la fin du Néolithique en Provence.
J. Joubert 1967, 1968, 1969 La Grotte de la « Baume des Maures » La Garde-Freinet (Var), Annales de la Société de Sciences Naturelles de Toulon et du Var.
Ph. Hameau 2006 Un dernier regard sur la Baume des Maures, La Garde-Freinet (Var), Revue du Centre Archéologique du Var, p. 75-91.