L’odontite jaune

Octobre 2012 • par Denis HUIN, naturaliste, ornithologue

Le coin des naturalistesFlore

Lors de vos promenades d’automne, vous avez sans doute rencontré cette petite plante à fleurs jaunes discrète par sa taille et sa finesse, sans peut-être connaitre son nom.

L’Odontite jaune, Odontites luteus (L.) Clairville (= O. lutea (L.) Reichenbach), parfois appelée « pommerolle » par les provençaux, est une plante pouvant atteindre 40cm, à la tige fine et dressée, souvent brun rougeâtre, portant des rameaux opposés dont la direction forme un angle droit avec la ramification précédente : vu de dessus les rameaux forment une croix. Les feuilles des jeunes plantes sont disposées de même (on les dit : opposées décussées). Les feuilles étroites et allongées ont guère plus de 1cm de long. Les fleurs sont disposées en grappe serrée à l’extrémité des rameaux et toutes tournées vers l’extérieur. Elles sont petites (9mm) et de couleur jaune vif. Les deux lèvres de la corolle laissent apparaitre les étamines saillantes. Longtemps classées dans la famille des Scrofulariacées aux côtés des gueules de loup, digitales, véroniques et molènes, les odontites sont aujourd’hui placées dans celle des Orobanchacées. Si les orobanches sont des plantes parasites sans chlorophylle, les odontites sont des semi-parasites : leurs tiges portent de petites feuilles vertes et leurs racines possèdent des suçoirs qui leur permettent de s’implanter dans les racines des plantes voisines. Ce sont des plantes annuelles. Chaque année les graines libérées à la fin de l’automne vont germer le printemps suivant. La petite plante va voir son développement stoppé par la rudesse de l’été et devra lutter contre la sécheresse malgré sa taille modeste (xérophyte). Sa qualité de semi-parasite l’aidera sans doute dans cette épreuve. Les premières pluies d’automne sont le signal de reprise de la croissance couronnée par la floraison dès le mois de septembre. Dans l’hiver, les tiges sèches restent longtemps visibles et témoignent de la présence de la plante.
Assez commune sur une large partie sud du territoire, l’Odontite jaune pousse aussi bien sur calcaire que sur silice. Elle affectionne les coteaux secs, les bois, les pelouses arides. Sur la commune, comme de partout dans le massif des Maures, elle prolifère sur les terres forestières mises à nu par les incendies ou l’entretien des pare-feux.
Aucun usage médicinal pour cette plante que nous laisserions volontiers dans l’oubli si elle n’était d’une grande utilité pour les abeilles: celles-ci récoltent sur ses fleurs un peu de nectar et surtout du pollen d’un beau jaune qui participe aux premiers apports protéiques pour le développement du couvain d’automne.
Apparaissant rapidement à la fin de l’été, elle sonne avec le lierre et l’Inule visqueuse la fin de la disette estivale. Avec elle, les collines des Maures redeviennent accueillantes et les ruches peuvent réintégrer leur places d’hivernage d’où elles ne repartiront qu’après les floraisons printanières de la Bruyère blanche, Lavande maritime et cistes. Une autre espèce d’odontite, l’Odontite visqueuse (Odontites viscosus (L.) Clairville) n’est présente que sur calcaire, dans l’arrière-pays. Elle se distingue de O.luteus par ses tiges vertes, ses rameaux étalés, son toucher visqueux et ses fleurs d’un jaune pâle incluant les étamines.

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