Quelques expressions provençales

Publié le jeudi 04 août 2022

par Paul de La Gàrdi

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Nous vous proposons un premier article écrit par Paul PREIRE sur les expressions en provençal. La suite sera proposée dans plusieurs articles au cours des mois à venir. Bonne lecture !

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J’ai cherché dans ma mémoire des expressions « en parler provençal » que j’ai pu entendre et j’ai choisis celles qui me semblaient les plus amusantes. J’utilise ici le dialecte varois-maritime tel qu’il était utilisé à La Garde-Freinet et l’ensemble du Var.

Du fait que les expressions que nos anciens aimaient utiliser étaient dites évidemment en langage provençal et avaient en majorité un caractère métaphorique, la traduction est assez difficile. Lorsqu’on les traduit en français, certaines peuvent perdre une partie de leur saveur auprès des non-initiés.

L’esquicho bougneto

« L’esquicho bougneto » est une des expressions les plus cocasses du répertoire. Du provençal esquicher, presser, et bougneto, tache de gras sur les vêtements ou tous autres linges ou papiers. « L’esquicho bougneto » est une personne tellement avare qu’elle presse les taches d’huile faites sur son vêtement pour en récupérer le liquide si minime soit-il. En provençal, si bougneta signifie « se tacher ».

L’as paga lou capèu ? Cinq sòu camèu !

J’ai souvent entendu dire par mes parents : « L’as paga lou capèu ? Cinq sòu camèu !1». Cela paraît bien banal. Mais elle a été utilisée lors de la Révolte des vignerons du Midi de la France en 1907. C’était, en quelque sorte, un mot de passe utilisé par les révoltés2 afin de démasquer les sbires3 dépêchés sur place pour repérer et faire arrêter les meneurs du soulèvement paysan. Ceux-ci avaient intérêt à répondre de suite en provençal sinon un bain forcé dans les canaux à proximité les attendaient, et ce, dans le meilleur des cas.

1. As-tu payé le chapeau ? Cinq sous chameau !
2. On a estimé à 800 000 le nombre des révoltés.
3. Espions des renseignements généraux dépêchés par G. Clémenceau, alors Ministre de l’Intérieur.

Bougre de pinto gàbi

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Paul Cezanne
Autoportrait (1875), huile sur toile (66 × 55 cm), collection particulière.

L’expression péjorative : « Bougre de pinto gàbi ! » désigne un peintre médiocre. Ce surnom que les Aixois ont donné à Paul Cézanne voulait tout simplement lui signifier toutes les moqueries et leur dédain pour ses œuvres picturales. En fait, la ville de Pertuis, proche d’Aix-en-Provence, avait de nombreuses fabriques de cages en bois destinées à emprisonner les oiseaux servant d’appelants pour les chasseurs. Ces cages étaient peintes sommairement par des ouvriers n’ayant aucune formation et qu’on appelait d’une manière péjorative : « Lei pinto gàbi », les peintres de cages. Cette appellation est d’ailleurs devenue le titre d’une farandole provençale dont les paroles, peu subtiles il faut bien le dire, n’ont certainement pas été écrites par F. Mistral !

Un còup fa pas puto 

Une expression que j’affectionne particulièrement et qui s’emploie encore : « Un còup fa pas puto » qui se traduit littéralement par « Si tu fautes une fois, tu ne seras pas pour cela une prostituée » ! « Buvons un apéritif » « Non jamais d’alcool » et « Oh ! Un coup fa pas puto » ! Le dernier mot n’est évidemment pas très distingué, mais en provençal, il a toute sa place.